Question de la revue : Le traitement de l'amblyopie (œil paresseux) causée par le strabisme (le fait de loucher) au moyen d'un cache-œil ou d'un traitement optique (lunettes ou pénalisation), ou les deux.
Contexte : L'amblyopie est un problème courant dans l'enfance qui entraîne une baisse de la vision d'un œil ou des deux, non causée par une quelconque maladie oculaire. L'amblyopie peut être la conséquence d'un strabisme (défaut de convergence des yeux dans lequel un œil peut se tourner vers l'intérieur, l'extérieur, le haut ou le bas). Cette revue a pour but d'examiner le traitement de la baisse de vision consécutive à un strabisme, et non pas le traitement du strabisme lui-même.
Date de recherche : Les dernières recherches ont été effectuées le 30 janvier 2014.
Caractéristiques des études : Trois essais contrôlés randomisés (ECR) menés aux États-Unis ont été inclus dans cette revue.Principaux résultats : Les résultats de l'un de ces essais indiquent que l'ajout d'un cache-œil aux lunettes requises est plus efficace que les seules lunettes dans le traitement de cette affection. Deux des essais avaient analysé le rôle des activités de proximité en complément du traitement par cache-œil. Ces études suggèrent qu'il peut y avoir avantage à ajouter des activités de proximité au régime d'occlusion prescrit. Aucun essai n'a été trouvé qui ait examiné le rôle de la pénalisation optique (altération de la force des lunettes) ou utilisé une occlusion partielle (verre dépoli plutôt que cache-œil). L'efficacité de la pénalisation optique et de l'occlusion partielle dans le traitement de l'amblyopie strabique demeurent inconnues.Qualité des preuves : Les preuves disponibles sont de qualité élevée.
L'occlusion, conjointement au port des lunettes requises pour la correction de l'erreur de réfraction, semble être plus efficace que le seul port de lunettes dans le traitement de l'amblyopie strabique. Le bénéfice de l'ajout à l'occlusion d'activités de proximité n'est pas démontré. Aucun ECR n'a été trouvé qui ait évalué le rôle de l'occlusion partielle ou de la pénalisation optique, en plus de la correction de la réfraction, pour l'amblyopie strabique.
L'amblyopie consiste en une acuité visuelle réduite dans l'un ou les deux yeux, sans présence démontrable d'une anomalie sur la voie optique. Elle n'est pas instantanément résolue par la correction de l'erreur de réfraction. Le strabisme se développe chez environ 5 à 8 % de la population générale. L'objectif du traitement de l'amblyopie est d'amener l'œil atteint au meilleur niveau possible de vision. Différentes options de traitement ont été examinées dans la revue.
En passant en revue les données disponibles, nous voulions déterminer le traitement le plus efficace pour l'amblyopie strabique. Cette revue visait en particulier à examiner l'impact du traitement classique d'occlusion pour l'amblyopie strabique et à analyser le rôle de l'occlusion partielle et de la pénalisation optique pour cette affection.
Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL (qui contient le registre d'essais cliniques du groupe Cochrane sur l'œil et la vision) (2013, numéro 12), Ovid MEDLINE, Ovid MEDLINE In-Process and Other Non-Indexed Citations, Ovid MEDLINE Daily, Ovid OLDMEDLINE (de janvier 1946 à janvier 2014), EMBASE (de janvier 1980 à janvier 2014), LILACS (Latin American and Caribbean Health Sciences Literature Database) (de janvier 1982 à janvier 2014), le métaregistre des essais contrôlés (mREC) (www.controlled-trials.com), ClinicalTrials.gov (www.clinicaltrials.gov) ainsi que le système d'enregistrement international des essais cliniques (ICTRP) de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) (www.who.int/ictrp/search/en). Nous n'avons appliqué aucune restriction concernant la langue ou la date lors des recherches électroniques d'essais. Nous avons consulté les bases de données électroniques pour la dernière fois le 30 janvier 2014.
Nous avons inclus les essais contrôlés randomisés (ECR) sur le traitement de l'amblyopie strabique comprenant des participants de tout âge.
Deux auteurs travaillant indépendamment ont extrait les données et les ont saisies dans Review Manager 5, puis ont indépendamment vérifié qu'aucune erreur ne s'y était glissée.
Nous avons inclus trois ECR dans cette revue. Les études avaient rendu compte du logMAR moyen d'acuité visuelle obtenu. La différence moyenne d'acuité visuelle avait été calculée. Concernant l'occlusion à temps partiel classique (conjointement aux lunettes requises), PEDIG 2006 indique que ce traitement était plus bénéfique que les seules lunettes pour l'amblyopie strabique ; la différence moyenne entre les groupes était de -0,18 LogMAR (intervalle de confiance (IC) à 95 % statistiquement significatif de -0,32 à -0,04). L'ajout d'activités de proximité au traitement par occlusion est susceptible d'améliorer le résultat visuel après quatre semaines de traitement ( PEDIG 2005). Les résultats de l'étude pilote ont montré une différence moyenne entre les groupes de -0,17 LogMAR (IC à 95 % de -0,53 à 0,19). Les résultats d'un plus vaste ECR ( PEDIG 2008) sont maintenant disponibles qui montrent que l'ajout d'activités de proximité au traitement par occlusion est susceptible d'améliorer le résultat visuel après huit semaines de traitement ; la différence moyenne entre les groupes était de -0,02 LogMAR (IC à 95 % de -0.10 à 0.06 ). Un autre article est en attente d'évaluation car les informations sont insuffisantes dans sa forme actuelle (Alotaibi 2012).
Traduction réalisée par Cochrane France